Comment devenir avocat en France ? Choisir entre collaboration et exercice liberal

Devenir avocat en France demande un parcours long qui associe formation théorique et pratique. Le chemin vers cette profession exige détermination et rigueur, tout en offrant diverses possibilités d'exercice une fois le diplôme obtenu. Avant d'envisager les choix entre collaboration ou exercice individuel, il faut d'abord franchir les étapes universitaires et professionnelles obligatoires.

Le parcours universitaire et la formation initiale

La route vers la profession d'avocat débute par un cursus académique structuré, suivi d'une formation spécifique au métier. Cette phase constitue le socle indispensable pour acquérir les connaissances juridiques fondamentales et se préparer aux exigences de la profession.

Les études de droit et l'obtention du Master

Le parcours commence par une licence en droit (3 ans), puis se poursuit par un Master 1. À partir de 2025, un Master 2 en droit ou un diplôme équivalent sera exigé pour accéder à la profession. Durant ces années universitaires, l'étudiant acquiert les bases théoriques du droit dans diverses matières comme le droit civil, pénal, administratif ou commercial. Cette formation universitaire vise à développer l'analyse juridique, la rigueur intellectuelle et la maîtrise des textes législatifs. Les facultés de droit proposent des spécialisations variées qui peuvent orienter la future carrière de l'avocat. Pour les personnes venant d'autres horizons, des passerelles existent pour les diplômés d'écoles de commerce ou de Sciences Po, qui peuvent intégrer ce parcours sous certaines conditions.

La préparation et la réussite de l'examen du CRFPA

Après l'obtention du Master, l'aspirant avocat doit réussir l'examen d'entrée au Centre Régional de Formation Professionnelle d'Avocats (CRFPA), communément appelé « pré-CAPA ». Cette épreuve sélective comporte des examens écrits et oraux qui testent les connaissances juridiques et les aptitudes du candidat. L'examen est limité à trois tentatives, ce qui souligne l'importance d'une préparation minutieuse. De nombreux étudiants suivent des formations spécifiques pour maximiser leurs chances. Une fois l'examen réussi, le futur avocat intègre l'école des avocats pour une formation de 18 mois divisée en trois phases : un projet pédagogique individuel, des cours théoriques et un stage dans un cabinet d'avocats. Cette formation pratique est complétée par l'apprentissage de la déontologie, élément fondamental de la profession. À noter que certains profils, comme les docteurs en droit ou les juristes avec huit ans d'expérience, peuvent bénéficier de dispenses partielles ou totales de l'examen ou de la formation.

La formation professionnelle à l'École d'avocats

L'École d'avocats, aussi appelée CRFPA (Centre Régional de Formation Professionnelle d'Avocats), constitue une étape majeure dans le parcours de tout futur avocat en France. Cette formation de 18 mois intervient après l'obtention d'un Master en droit et la réussite à l'examen d'entrée au CRFPA, souvent surnommé « pré-CAPA ». Destinée à transformer l'étudiant en juriste opérationnel, cette formation allie apprentissage théorique et immersion pratique pour préparer à l'exercice concret de la profession.

Le programme pédagogique et les stages obligatoires

Le programme de formation à l'École d'avocats s'articule autour de trois phases distinctes. La première consiste en l'élaboration d'un projet pédagogique individualisé qui vise à identifier les besoins spécifiques de l'élève-avocat. La deuxième phase comprend des enseignements théoriques fondamentaux sur la pratique du métier d'avocat. Les cours abordent la déontologie, les techniques de rédaction d'actes juridiques, la plaidoirie, la gestion de cabinet et d'autres compétences nécessaires à l'exercice quotidien. La troisième phase, déterminante dans la formation, se compose de stages pratiques. Un stage de six mois en cabinet d'avocats permet de se familiariser avec le travail quotidien au sein d'une structure professionnelle. Ce stage est généralement rémunéré et offre une première expérience concrète. Le programme inclut également un stage auprès d'une juridiction ou dans une entreprise, afin d'appréhender les différentes facettes du monde juridique. Ces stages constituent une passerelle vers le monde professionnel et sont l'occasion de tisser un réseau, de mettre en application les connaissances théoriques et de développer les aptitudes relationnelles indispensables à la profession.

L'examen final du CAPA et la prestation de serment

L'aboutissement de la formation à l'École d'avocats est l'obtention du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA). Cet examen comprend plusieurs épreuves écrites et orales qui évaluent l'ensemble des compétences acquises. Parmi les épreuves figurent la consultation juridique, la rédaction d'actes de procédure, un exercice de plaidoirie et une épreuve portant sur la déontologie. Pour valider le CAPA, le candidat doit obtenir une moyenne générale d'au moins 10/20, avec une note minimale de 6/20 à chaque épreuve. La validation du CAPA marque l'autorisation d'exercer la profession, mais une étape symbolique reste à franchir : la prestation de serment. Lors d'une audience solennelle devant la Cour d'appel, le nouvel avocat s'engage à exercer sa profession « avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». Cette cérémonie représente l'entrée officielle dans la profession. Suite à cette prestation, l'avocat doit s'inscrire au tableau de l'Ordre du barreau où il souhaite exercer. Il peut alors choisir entre différents modes d'exercice : collaboration libérale, exercice individuel ou association au sein d'une structure. La collaboration libérale est particulièrement prisée par les jeunes avocats, car elle permet d'acquérir de l'expérience tout en développant progressivement sa propre clientèle. Elle se matérialise par un contrat qui garantit l'autonomie professionnelle du collaborateur tout en lui assurant une rétrocession d'honoraires mensuelle.

L'installation en exercice libéral

L'installation en exercice libéral représente une étape majeure dans la carrière d'un avocat. Après avoir acquis de l'expérience, généralement en collaboration, l'avocat peut choisir de créer son propre cabinet. Cette démarche demande une préparation rigoureuse, tant sur le plan administratif que financier, et nécessite une réflexion approfondie sur la gestion de la clientèle et la fixation des honoraires.

Les démarches administratives et financières pour créer son cabinet

La création d'un cabinet d'avocat implique plusieurs formalités administratives et financières. Tout d'abord, l'avocat doit choisir un statut juridique adapté à sa situation: entreprise individuelle (EI), société d'exercice libéral (SEL comme SELARL, SELAS, SELAFA) ou société civile professionnelle (SCP). Pour une entreprise individuelle, il faut effectuer une déclaration auprès du Guichet unique de l'INPI, ouvrir un compte bancaire dédié si le chiffre d'affaires dépasse 10 000 € sur deux ans, s'inscrire à la chambre des notaires et souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle obligatoire. La création d'une SEL requiert la rédaction de statuts, le dépôt du capital social, l'immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) via le Guichet unique de l'INPI et la publication d'un avis de constitution. Pour une SCP, les étapes sont similaires: rédaction des statuts, immatriculation au RCS, publication d'un avis de constitution et souscription aux assurances obligatoires. L'avocat doit également prévoir un budget pour l'installation matérielle (local, équipement informatique, mobilier) et pour le fonctionnement initial du cabinet avant les premières rentrées d'honoraires.

La gestion de clientèle et la fixation des honoraires

La gestion de la clientèle constitue un défi pour tout avocat en exercice libéral. Dans les débuts, l'avocat peut s'appuyer sur la clientèle personnelle qu'il a développée durant sa période de collaboration. Le Code de déontologie prévoit d'ailleurs que l'avocat doit informer préalablement le cabinet où il exerçait avant d'assister un de leurs clients pendant deux ans, et s'abstenir de toute concurrence déloyale. Pour développer sa clientèle, l'avocat peut recourir à différentes stratégies de communication, dans le respect des règles déontologiques. Concernant la fixation des honoraires, celle-ci relève de la liberté de l'avocat, mais doit rester raisonnable. Les honoraires peuvent être calculés selon plusieurs modalités: au temps passé, au forfait ou au résultat (honoraires de résultat). L'avocat doit établir une convention d'honoraires écrite avec son client, précisant le mode de calcul et les modalités de paiement. Cette convention constitue un élément fondamental de la relation avocat-client et doit être établie avec clarté pour éviter tout litige ultérieur. L'avocat doit aussi maîtriser la gestion administrative des dossiers clients, de la facturation et du recouvrement des honoraires. Une bonne organisation et un suivi rigoureux sont nécessaires pour maintenir l'équilibre financier du cabinet.